samedi, janvier 28, 2006

Une nuit à Québec

Ce fut une inspiration soudaine. Assez autobiographique !

Il prit une gorgée de son café trop sucré, rempli de lait, comme il l’aimait.

Assis dans son lit simple, le maigre couvre-pied le recouvrant, les oreillers comme appui, il lisait un livre qu’il avait déjà lu il y a longtemps, mais tombé en amour avec cette collection, il avait décidé de relire les tomes déjà parus. C’était aussi pour voir le dernier tome sur grand écran en n’étant pas trop dépaysé de cet univers fantastique.

C’était rendu une habitude dans son rituel d’avant-sommeil que de lire un ou plusieurs chapitres d’un livre. Il avait recommencé à lire. Cela avait été une impulsion, que de s’imaginer à nouveau les personnages dans les situations données par l’auteure. Ce qu’on aurait pu croire une bonne habitude retrouvée était plutôt une fuite des responsabilités de ce jeune homme. Plongé dans sa lecture, il ne pensait pas aux travaux qu’il devrait finir, aux examens qu’il devrait étudier, ou plutôt mémoriser pour pouvoir ensuite tout régurgiter sur une feuille-réponse. Au lieu d’être un étudiant modèle raisonnable, il préférait faire comme le chat de ses colocataires : se blottir dans un coin et ne penser à rien.

C’était à se demander s’il aimait son programme. Bien sûr que c’était sa passion, mais pourquoi se sentir las de tout ça ? Il faut admettre que c’était la fin de session, là où tous les examens et les travaux s’accumulaient parmi toutes les choses à faire en un concentré de quelques semaines. Il se demandait souvent comment il avait réussi à ce sortir de cet enfer. N’ayant jamais réussi à organiser ses études, souvent à la dernière minute, il se voyait comme un survivant du Parc Jurassique.

Il prit une grande gorgée dans sa tasse préférée, mais comme il était maladroit, il réussi avec un talent inouï propre à lui à renverser du café sur lui. Il se félicita lui-même ; cette fois, c’était plutôt une auto-dérision acquise au fil du temps par ses innombrables gaffes que son ironie malsaine habituelle. Il n’alla pas nettoyer le dégât en allant chercher la débarbouillette dans la cuisine, mais essuya sa bouche du revers de la main, puis s’essuya sur son couvre-lit. Pas besoin de se lever pour ça, pensa-t-il.

Il retourna finir son chapitre, pour ensuite fermer sa lampe en néon en forme de coupe de Dry-Martini, puis se coucher sur le côté entre le matelas un peu dur et le drap un peu court. Il fit aller le flot de ses pensées de remords de n’avoir pas fait grand chose et de ses pensées de déprime sur l’amour. Il était tanné d’être seul, tanné de ses angoisses sur ces véritables sentiments, et de déprimer sur ce sujet.

Il en avait assez de ruminer.

Il s’endormit quelques minutes plus tard, sur le côté, le corps dans une position à faire frémir le Cirque du Soleil.

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