samedi, avril 28, 2007

Notre Silence

Un vide s’est imprégné
Entre nous deux, Êtres
Un bruit s’est assourdit
Entre nous deux, Âmes

Une voix s’est éteinte
Entre nous deux, Corps
Un son a implosé
Entre nous deux, Vies

Des mots nous empestent
Tumulte dans nos cavités
Sans évacuer leur sens
Par notre langue sèche

Des mélodies grisâtres
Frémissent aux cerveaux
Qui, pour des douleurs
Les enchaînent sur place

Des cris cherchent leur sortie
Entre nous deux, Amertumes
Des acouphènes trouent le feu
Entre nous deux, Introvertis

Des sillages repassent par maux
Entre nous deux, Colériques
Des nœuds étranglent la passion
Entre nous deux, Antérieurs

Quelque chose nous dévore
Les plaies s’amplifient
Hémorragies internes
Heurts au trop loin degré

Nous avons tués l’autre
Réciprocités destructrices
Nous avons blâmés l’autre
Accusations tortueuses

L’absence s’est présentée
Entre nous deux, Cadavres
Une tumeur s’est incrustée
Entre nous deux, Bêtes

L’évolution s’est arrêtée
Entre nous deux, Laideurs
Le silence gît de toute part
Entre nous deux, Amours

mercredi, avril 18, 2007

Je t'écris

Je t’écris de ma balançoire
Si tu en as des vertiges
Rappelle-moi de ne pas boire
Et toi de reprendre mon cœur à la pige

Je pourrais inventer du nouveau
Mais comme j’ai arrêté de briller
Je me nourris de tes anciens mémos
Et j’ai oublié comment te distiller

Craches-tu encore mon alphabet ?
Explores-tu encore tes malaises ?
J’espère que tu ne panses plus tes plaies
Car on renie ta malchance tel Treize

Je voulais seulement te cracher à l’oreille
Que tu fais déraper mes sens déjà déroutés
Que tu vis infiniment au fond de ma bouteille
Mes raisons d’amusement sont maintenant terminées

Tu pourrais croire que je te méprises
Mais tu connais trop bien mes idées
Tes pluralités odorantes m’attisent
Depuis que nos regards se sont dévorés

Je suis prisonnier de la chaîne
Je virevolte par tous les degrés
Je prie que tu sois captivé par ma traîne
Que sur tes photos j’ai régurgitée

Mon Amour
M’aimes-tu ?
Sans détours
Pleures-tu ?

Non, c’est vrai
Ton esprit ailleurs
Tu as fais un trait
Sur mon cœur

Je t’écris comme un bébé naissant
Mes cris ne te rappellent plus nos nuits
Tu as fait de moi un être blessant
Sous l’alcool j’attends ton moindre appui

Mais je sais, tu ne me répondras
Que lorsque j’aurai cessé d’hululer
Tu t’assureras que je ne recommencerai pas
Et tu m’enverras un message mutilé

Tu n’auras pas avec ta langue mis sur papier
Mais bien sous l’emprise de ta dulcinée jubilation
Tu gifleras mon eau-de-vie et mes phrases ancrées
Et ma soif de te revoir malgré mes fâcheuses insolations

Je t’écris depuis la cuve de la toilette
Ou tu m’as laissé la dernière fois
Tu m’as laissé cuire comme un crêpe
Et mugir de la dépendance de ma loi

À jamais j’avalerais ces pourcentages imprimés
Pour mitrailler tes discours mnémoniques
Mais tuer l’amnésie que tu m’aies déjà préféré
À tes assassins moments épileptiques

Je ne t’écris que pour divaguer
Te rappeler que je te voue une haine
Que je noie dans mes boissons empestées
Mon lointain tourment de mes peines

T’aimer durement crispe mes illusions
Y croire détrône mes attentes poussées
Humer tes photos dénude mon pion
Éjaculer mes fantasmes me fait murmurer

Je t’écris mais je n’ai plus de plomb
Je vais donc cesser de délirer comme toi
En déclarant comme quoi je suis poltron
En détruisant mon corps de la foi

Je ne peux plus t’écrire
La balançoire m’a lâchée
Désarticulé de vivre
J’ai simplement arrêté

Tu peux maintenant m’écrire.

jeudi, avril 05, 2007

Cri Terminal

Mots pris dans tes cordes
Lèvres qui pleurent écarlate
Yeux hypnotisés du vide
Main crispée sur la mienne

Langue glacée d’impuissance
Gorge asséchée d’air noir
Oreilles ouvertes sur l’effroi
Visage perdu dans ma peur

Silence brûlant
Souffle saccadé
Mouvement irréfléchi
Cassure désespérée

Fusil encore prisonnier de ta bouche
Doigt encore prisonnier du fusil
Mort encore prisonnier de mon doigt

Corps libéré de tes maux
Mots libérés de mon corps
Mort pour toi
Moi pour tort

mercredi, avril 04, 2007

Exercice scolaire no.5

Je devais inclure les émotions ci-contre : déterminé et attristé.

LES HAUTS ET LES BAS DE DAMIEN

Damien a pris son café ce matin. Et il est déterminé. Oh oui ! Si vous saviez comme il se sent prêt. Il va affronter son patron.

Il est maintenant dans sa voiture. Il se fout du trafic dans lequel il est emprisonné. Il est déterminé. Oh la la ! Vous seriez étonné de l'intensité de sa détermiation. Il écoute Marie-Chantale Toupin. Il va parler à son patron.

Il est maintenant dans l'ascenceur. Ses pieds frétillent de...vous l'avez deviné : de détermination. Même si les autres gens se collent comme des sardines, que Marie-Chantale ne chante pas et qu'il a fini son café. Son patron va l'entendre parler !

Il est devant la secrétaire. Dé-ter-mi-né. Personne ne pourrait l'être plus que lui.

-Bonjour Alice ! Est-ce que le "Patron" est là ?

-Non.

Il est dans son bureau. Il n'a jamais été aussi déte...attristé.

SNIF, SNIF, SNIF !

Départ

Des gouttes d’eau frappent les vitres de l’automobile dans lequel je suis assis. Ils suivent les courbes de la tôle pour ensuite retomber sur l’asphalte froide. Je les observe, je les ausculte, je les regarde avec attention…Rien de tout cela. Je fixe l’extérieur de mon habitacle. Mes yeux sont vides, car mon esprit est ailleurs. Ils sont rouges.

Le conducteur arrête le véhicule devant une bâtisse blanche. Je prends une inspiration se voulant profonde, mais l’air entrant dans mes poumons force des larmes. J’appose mes lunettes sur mon nez irrité. Je prends quelques secondes pour moi, pour m’encourager. Les mots de ma raison apparaissent difficilement aux entrailles de mes émotions. Puis j’ouvre la porte, mon bras prend une fraction de seconde pour être mouillé par la pluie. Je sors ma tête, puis mon corps suit. J’échange une heure pour que mon ami revienne me chercher de cet endroit qui me fait trembler…

Je marche à petits pas, même si l’eau transperce déjà mes vêtements. Je me dirige vers la porte, les battements du cœur me résonnant dans le crâne, mes mains crispées, les gouttes glissant le long de ma peau, les pupilles noyées…J’entre. Un homme est là. Il m’accueille, et m’indique l’emplacement. Je le remercie d’un signe de tête. Le couloir semble parcouru d’épines de roses, m’égratignant les pieds de douleur. J’ose atteindre le fond, puis me tourner vers ce lieu qui m’attend.

Les gens sont habillés d’un noir de jais, d’un chic qui ne les ressemblent pas. Je reconnais leur visage, et une révolte s’empare de mon corps, et je voudrais crier ma hargne à leur crever les tympans. Toutefois, une sagesse qui m’est inconnu s’empare dans ma colère et calme mes pulsions d’agressivité. Ils s’attendent à ce que je leur offre des mots de politesse, mais je marche devant eux, ne les regardant pas. Ces gens cependant me suivent de leurs yeux faussement attristés. Ils me jugent.

Tu es là. Enfoncé dans des draps. Je cours à ta rencontre. Je m’arrête devant toi, mon corps frémissant de partout. Tes yeux fermés et ta bouche inerte…Des sanglots s’échappent et se déversent sur ton visage emprunt autrefois de tendresse, de joies, d’amour. Je hurle : «Non!» Puis je m’effondre sur ton corps sans vie. Les autres gens, troublés, me regardent, puis j’entends : «C’est donc toi.» Cette phrase remplie de haine m’écrase encore plus. Un homme s’approche de moi d’un pas décidé, une femme pleure à chaudes larmes, une jeune fille est sans mots et le jeune homme lance un regard de mépris vers moi. Le premier me soulève, me fixe d’un grand courroux et me gifle sur la joue. Puis il me délaisse sur le sol. Une force me redonne vie. Je me relève, puis je crie à sa famille : «Oui, nous nous aimions!»

Je m’enfuis de ces funérailles, le cœur détruit, l’âme en deuil. Je me couche sur le trottoir. Et je pleure sans arrêter. Le temps se casse, mon amant est mort.

Un papier mouillé sur le plancher bétonné me frôle le visage. Il y est écrit : «Adolescent battu à mort : Acte homophobe ?»

Je me lève d’un bond et me lance dans la rue, et…métal sur mon corps. Mes os se fracturent. Je retombe. J’entends le conducteur qui échappe l’effroi. Je m’évanouis…