jeudi, août 07, 2008

Ils arrivent

Hubert. Carol-Anne. Suzie. François.

J’les ai tous connus.

J’les aie tous observés.

Hubert ne demandais que ça. L’ébène qui l’habillait et le creusait de jour en jour apostrophait les autres, qui ne pouvaient que le juger dans toute sa carcasse de son look. Il lui arrivait souvent de me prier par les larmes. Sur son lit, avec ma sœur et l’obscurité. Ma sœur qui s’est endormi dans ses bras tous les soirs de sa pathétique vie d’adolescent rejeté par ses pairs.

Carol-Anne ne nous avait jamais fréquentés. Elle semblait jouir des jours et surtout des nuits avec ses amies à moitié vêtues. La musique qui crie aux corps de se désarticuler et l’alcool l’enterrant de la plupart de ses pensées rationnelles. Ces nombreux jeux de séductions faisaient frémir les hommes à la recherche de c’qu’elle donnait : son corps. Mais un soir où l’excessivité l’a jeté contre un mur, elle s’est vue un autre visage en elle ; son miroir lui reflétait maintenant une anorexie de dignité. Elle n’a pas eu besoin de crier pour m’appeler.

François, lui, m’a écrit. Depuis qu’il s’est rendu compte que les corps féminins n’avaient plus d’effets sur lui. Il ne regardait plus ses films sexuels pour voir les cruches vides se remplir, mais bien des robinets qui les gavaient. Tranquillement, il voyait sa nouvelle nature se transformer devant ses yeux fermés. Il ne voulait pas y croire. Et c’est surtout son père qui ne voudra jamais y croire. À la porte, il serait obligé de décamper. Perdu, il s’enfuit dans la fumée…pour mieux se retrouver avec nous.

Suzie, elle, ne voulait pas de nous. Elle voulait respirer dans une nouvelle peau, et elle s’est métamorphosée en gouffre de nourriture. Elles les avalaient tout rond, ses émotions. Et elle en avait beaucoup trop. Elle a enflée de partout, partout. Nous n’avons pas eu besoin d’aller la voir, elle s’est rendue à nous sans efforts.

J’ai enfin leur cœur à la portée de ma main. Il ne suffit que d’un pas de leur part et les voilà enfin dans mes bras. Ma sœur les a rongés, je suis si proche d’eux.

Allez Hubert, un dernier coup de rasoir sur ton bras.
Allez Carol-Anne, une autre gorgée sur le pont te donnera du courage.
Allez François, va chercher le fusil de chasse de ton père.
Allez Suzie, mange ta colère, qui mettra ton foie en crise.

Ils arrivent.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Toujours une aussi merveilleuse écriture Mathieu!

Wow...

Beau texte.

Merci :)

Anonyme a dit...

Je t'ai toujours envié dans ton écriture, ton style, tes métaphores, ton vocabulaire, tes émotions profondes et vivantes. Ce n'est pas de la jalousie, mais plutôt de la fièrté de t'avoir comme frère, car je sais qu'un jour je vais te vanter haut et fort dans tes succès. Je te dis donc de continuer, non pour avancer, mais pour soutenir et garder la forme de tes mains, car tu es déjà bien loin dans ta réussite^^! Je t'aime fort!

Maxou xxxx

Anonyme a dit...

Ha Mathieu! C'est un de mes textes préférés de toi, que j'avais lu auparavant, sans l'avoir commenté.
Vraiment très bon!

Saluer la mer a dit...

woahhh!

Un texte émouvant et franchement bien écrit. J'aime !